Un froissement fit s'agiter les feuilles d'un buisson au pied d'un de ces grands pins majestueux qui peuplaient la place. Un peu plus loin, une autre bourrasque semblant venir de nulle part souvela des branches dans un doux bruissement. Une ombre passa... Puis une autre... Toujours aussi mystérieusement quand, soudain, silence... L'absence de bruits, de chants d'oiseaux, de craquement de branches sous les pattes des animaux, tout ceci rendait la place froide et ininvitante. Même l'éclat doré et roux du soleil couchant sur les épines des arbres et celles au sol ne réussissait pas à illuminer la place et à lui rendre sa chaleur habituelle. Une aura de mort planait au-dessus de tout. Même jusqu'à la plus haute cime du plus grand des pins. Tout à coup, brisant le silence comme une roche lancée dans un étang sans une ridule, un ombre passa dans la clairière que découpait les arbres en soulevant un petit nuage de poussière et de brindilles. Quelques mili-secondes plus tard, Amélia se tenait haut-perchée sur une haute branche d'un grand pin. Ses yeux rouges comme le sang balayèrent l'endroit du regard, ses lèvres foncées, presques noires, s'étirant en un sourire narquois. Droite et raide comme une barre de fer, la jeune femme ne put se laisser choir sur la dite-branche avant de s'être assurer que personne ne l'avait suivit ni ne l'épiait. Un soupire de bien-être lui monta à la gorge alors qu'elle se callait contre le tronc en fermant les yeux. Les pupilles verticales ne tardèrent pas à se darder une fois de plus sur le paysage environnant; Quel pitié...! Une faim digne d'un roi la tenaillait depuis un bon moment et elle n'avait pas encore pu aller se sustenter. Mais elle sourit; du calme... Tout vient à point à qui sait attendre...